Poetik a écrit:Lorsque je me suis levé se matin, Hammestrein n’était plus la même. À l’annonce de la catastrophe annoncée par les Élévornes, la ville était déjà en émoi, mais le message que j’ai lu comme beaucoup d’autres se matin était des plus perturbants. J’en note ici une maigre retranscription :
«Mes enfants, vous l'avez sûrement ressenti comme moi, ce monde se meurt. Ce n'est kus la première fois que notre race fait face à une telle situation. L'union des races de Profania est maintenant absolument nécessaire, et l'isolement, n'est plus un recours souhaitable. Je quitte donc Hammestrein, pour entamer une quête personnelle pour découvrir le moyen qui nous sauvera nous, les êtres de sang purs. Vous allez donc vous lancer au cours des prochains jours, à travers un Nouvel Exode. Que les plus rusés d'entre vous, trouve la force de survivre. Qu'en aux autres... Ni le sang cette fois, ni le titre, ni les Dieux ne vous protégerons, ni ne vous sauverons cette fois. Je suis prêt à faire le sacrifice de perdre des êtres aux sangs purs, quittent à les remplacer par du sang moindre, mais des êtres plus rusés. Telles sont, les voies de la nouvelle ère qui s'ouvre à nous.»
Ce message qu’a fait publier Xain à travers toute la cité et le monde noctarius a retenti tel un requiem dans les cavernes d’Hammestrein. Notre Maître, notre guide à tous, nous abandonnait à notre sort. C’est ainsi que beaucoup on vue la nouvelle. Un groupe de la Garde Noire a été au château et selon les dires, ils n’ont rien trouvé. Dans les rues de la ville, le chaos s’installe. Non plus le chaos « ordonné » auquel nous étions habitué, mais plutôt une sorte désordre indescriptible. Après avoir rassemblé mes affaires en vue d’un départ prochain de cette cité en plein naufrage, j’ai tenté de rassembler autour de moi quelques noctafedhes. À plusieurs, nous aurons plus de chance de survivre. Passant par le magasin général, j’ai assisté à une scène navrante, quoique… amusante. Déjà beaucoup de Noctarius faisaient la file pour acheter aux marchands, puis des sections de la Garde Noire est arrivée pour tout saisir la nourriture avec un décret du Prince. Apparemment, les nobles comptaient s’en sortir mieux que les Keinfags et la plèbe noctarius… Sous mes yeux, j’ai vu un peuple habitué à l’obéissance se retourner contre les représentants de l’autorité. Les cinq gardes n’ont pas fait long feu face à la vingtaine de Noctarius affamés qui se trouvaient là. Le marchand général vint les remercier, mais la « victoire » du pauvre bougre fut de courte durée. La masse affamée haineuse était devenue incontrôlable et elle se rua vers lui et il partit rejoindre les gardes… Puis, chacun s’entretua pour un bout de pain, un morceau de viande. Je quittai et passai mon chemin, réalisant la même idée que mes noctafedhes. À partir de maintenant, c’est chacun pour soi. Ni loi, ni autorité ne pourront nous protéger, nous sauver. Même les xainites n’ont plus de valeurs. Réfugié à mon manoir, comme j’habitai près du temple, je pouvais entendre les fidèles implorés Kellios pour son salut ou pour sa délivrance. En ce qui me concerne, je trouvais plutôt futile de prier maintenant. Mes derniers semblables qui arrivèrent me racontèrent que des incendies avaient éclaté dans Hammestrein et que la Garde Noire avait déserté la ville. Nous nous envolâmes donc pour Concordia, endroit où j’avais des connaissances qui sauraient peut-être m’être utile. J’espérais aussi trouver dans cet endroit plus de sécurité. Au moins, nous pourrons avoir des contacts avec les autres races inférieures et savoir comment la vermine contre échapper au cataclysme.
Une semaine à Concordia. Une semaine de perdue selon moi. Nous avons érigé un camp, dans une grotte, kus loin de la ville. Beaucoup d’autres Noctarius ont eu la même idée que nous et ont agi de façon semblable. Certains ont eu la bonne idée de se mettre à la chasse, et kus qu’animal, pour accumuler des provisions. La pauvre ville s’est vidée bien rapidement, mais ce fut un mal pour un bien. N’empêche, la survie nous pousse à nous entendre avec les bandits locaux. Certains d’entre eux parlaient d’un « refuge » prêt à accueillir toutes les espèces de Profania. Les grandes caravanes spanius et histrionnes qui se dirigent vers l’ouest tendent à confirmer cette information. Il nous fallait donc entamer un voyage plus dangereux vers ce « refuge ». On dit que les créatures sauvages s’emportent, sentant le danger elles aussi. Elles attaquent à vue les passants comme jamais. Cette entreprise risque d’être palpitante et j’espère que ce refuge en vaudra la peine. Sinon, je préfère largement mourir confortablement ici, sur le bord d’un feu…
Damné refuge… avoir su de quoi avait l’air cet endroit, je serais resté dans mon manoir. Mais… n’écoutant que ma volonté de survie, me voilà pris au piège dans ce trou à rats, à vermine. Et dire que nous avons traversé un véritable enfer kellien pour y aboutir. De la trentaine que nous étions en quittant Concordia, nous ne sommes plus que quinze. Je me demande encore comment nous avons survécues à cette attaque d’ogres. Heureusement qu’un groupe d’Indarions, stupidement compatissant, mais pour une fois, je leur en suis gré, passaient par là. Ils étaient un nombre équivalent du nôtre. Une fois rendu, nous avons enfin vu de quoi il s’agissait. Moi qui espérais que certaine race de ce monde se laisse mourir, je constatai qu’encore une fois, je rêvais. Nous étions maintenant d’être entassé avec des gens dont j’avais passé la majorité de mon existence à mépriser. Landolor, Histrion, Makadok, Naturilia, ils sont tous là, à puer et à boire la même eau que nous. C’est répugnant. Alors que j’écris ceci, je suis amer de constater que se ne sont même pas eux qui me répugnent le plus. Alors que nous sommes environs quelques centaines de noctarius, une cinquantaine d’entre « nous », des nobles, des anciens plus âgés, mener par le Prince Draculix, ont décidé de faire la loi dans la communauté noctarius. Les plus faibles et les plus jeunes courbe l’échine, alors que les autres ont trop peur pour tenter quoique se soit. Le pire dans toute cette sordide, c’est que les Élévornes ont distribué « équitablement » les rations et les provisions en vue de la période dans le refuge. Par équitable, j’entends qu’ils se sont réservés la plus grande part… cela pourrait bien leur jouer des tours. Nous n’avons pas été mieux qu’eux. Le Prince a aussitôt pris le contrôle de ce qui donne du pouvoir dans le refuge : l’eau et la nourriture. Seul ceux qui plie assez les genoux devant lui pour baiser le sol reçoivent leurs rations quotidiennes. Évidemment, votre humble serviteur en fait partie, mais comme il n’y a kus plus hypocrite que les Noctarius… aussitôt après avoir mangé, les murmures commencent. Pourquoi aurions-nous à tolérer un tel traitement venant des nobles, qui se gavent de notre nourriture à tous? Ils ont beau être les « sang purs », je ne me laisserais pas mourir pour eux, oh ça non. Kus après avoir traversé tout cela. Et beaucoup pensent comme moi. Méfiez-vous des Noctarius affamés…
Ce qui devait arriver arriva. J’ignore si ils ont fait exprès. Sa fait déjà plusieurs mois que nous attendons dans se satané refuge et voilà que nous sommes la première race chez qui la nourriture est venue à manquer. Nous étions certains que le Prince et les siens gardaient des réserves. Notre instinct ne pouvait nous tromper. Réunion secrète, complot, débat, des groupuscules aux intentions bien sombres commencèrent à se former. Je faisais partie de l’un d’eux. Pourtant, toute l’organisation du monde n’aurait pu prédire ce qui est arrivé. Lors de la distribution quotidienne d’eau et de nourriture, le Prince a fait distribué par ces quelques brutes ce qui devait assurer notre subsistance. Ils auraient pu nous donner du charbon, cela aurait eu plus de substance. Un Noctarius, apparemment dans un état second, se laisse emporter par la colère et se rue sur le Prince, tentant littéralement de le mordre. Bien sûr, il ne fit pas long feu. Puis un autre, et un autre tentèrent. La foule avançait vers ceux qui nous avaient privé. J’observais, inquiet. Jamais je n’avais vu de Noctarius avec des regards aussi bestiaux. Et soudain, comme beaucoup d’autres, je perdis le contrôle. On dit souvent que l’on a ce que l’on mérite. Laissez moi vous dire que dans les heures qui suivirent, notre faim fut comblée par la viande noire d’une cinquantaine des nôtres. Et le Prince n’eut pas très bon goût d’ailleurs. Ce qui restait de la noblesse noctarius s’est donc éteinte se soir là.
Notre situation précaire nous a forcé à nous rapprocher des peuples qui ont su se montrer plus raisonnables que nous. Nous avons d’abord été embêter les Orchilions, mais comme toujours, ils se sont montrés aussi égoïstes et stupides qu’à leurs habitudes. C’est plutôt du côté indarion que nous trouverons des solutions. Ces créatures ont encore de bonnes réserves, allez savoir pourquoi. Peut-être que leurs corps se sont adaptés au point d’arriver à moins manger. Comme les Landolors semblent vouloir commencer à imposer leur vision des choses à l’ensemble du refuge, nous avons tous l’impression que se serrer les coudes, même avec des êtres de races inférieures, va devenir nécessaire. Les Indarions ont de la nourriture, mais ils ne sont pas assez nombreux pour espérer survivre seul si les Landolors décident qu’ils en ont assez des mutants. Une entente entre Noctarius et Indarion est plus que probable…
Les jours se suivent et se ressemblent. La communauté est libre et chacun fait ses petites affaires dans son coin. La menace landolore semble passée et notre entente avec les Indarions semble partie pour durer. Des éclaireurs quittent le refuge et reviennent. Nous serons bientôt prêt à quitter le refuge et à bâtir un nouveau chez soi. En ce qui me concerne, il n’y a qu’un seul endroit sur Profania où je me sens chez moi, et c’est à Hammestrein. Je ne suis pas le seul à penser ainsi. Que ferons nous de cette occasion unique qu’est celle de rebâtir une société? Je l’ignore.
Le refuge s’est ouvert et chacune des races est partie de son côté. Comme la plupart des miens, je suis rentré à Hammestrein pour retrouver une ville en ruine, au volcan éteint. Je marche sur les ruines de ma propre civilisation. La sensation est étrange, tout comme le sentiment d’appartenir à un passé très différent de ce que nous réserve maintenant l’avenir. J’ai l’impression de ressentir, comme le Maître avant moi, l’effet de marcher sur un monde nouveau, où tout serait possible. Plus de noblesse et de diktat. Plus de lois qui nous limitent. Notre foi et notre liberté comme seules maître de nos esprits. Nous allons rebâtir Hammestrein, en nous gardant bien de répéter les même erreurs. Certains craignent, croient, que le Maître va revenir. Je crois qu’il est comme les ruines à mes pieds. Il appartient maintenant au passé.
Bâtir la nouvelle Hammestrein est plus difficile que ce nous avions cru. Premièrement, des monstres étranges avaient élus domicile dans la ville et il nous a fallu les en chasser. Sans parler des morts-vivants cachés dans les grottes. Le premier hiver a été une réelle épreuve à traverser, mais nous avons réussi. Notre corps a fini par s’adapter. Il faut dire qu’en ce qui me concerne, se sont plutôt mes connaissances en alchimie qui m’ont sauvé. M’enfin, chacun se débrouille à sa façon, autrement, on meurt. Dans la race, il n’y a plus de véritable organisation, les choses semblent aller de soi pour l’instant. Si un Noctarius s’en prend à un autre, on les sépare et si nécessaire, nous en enfermons un dans une cellule. Inutile de commencer à s’exterminer entre Noctarius. Si quelqu’un commet un vol, il est forcé de le rendre par la masse, qui ne tient pas à se faire voler le peu qu’elle a par des larbins noctarius. L’empathie habiterait-elle les Noctarius? Je propose plutôt la thèse de « l’égoïsme rationnel » où un groupe arrive à comprendre que si il permet un vol, alors tout le monde risque de voler. J’en étais d’ailleurs à cette réflexion lorsqu’un groupe d’Indarions sont arrivés à la place du Portail. Ils voulaient voir nos chefs. Vous auriez dû voir nos visages. Il n’y a pas de « chef ». Je suis certain que si un Noctarius aurait mis le pied en avant, se proclamant le « chef », il se serait fait tuer sur place. Les Noctarius présent s’avancèrent et demandèrent plutôt ce que les Indarions voulaient. Nous avons alors su, que Mysti’Caï n’étaient plus habitables pour des raisons diverses. Nos vieux noctafedhes se cherchaient encore une fois un nouveau lieu où habiter. Certains d’entre nous ne se montraient pas enthousiastes vis-à-vis de cette demande. L’honneur et le partage ne sont pas des qualités chez les Noctarius. Mais pourtant… notre brève cohabitation avec les Indarions à Hammestrein n’était pas si lointaine, il y avait un antécédent. De plus, notre entente durant le refuge s’était bien passé. J’exprimai ses arguments et nous tombâmes d’accord. Les Indarions viendraient vivre à Hammestrein. Un des nôtres leur lança quand même une mise en garde. Tout est à construire ici, leur peuple devra s’attendre à travailler et à se montrer à la hauteur de cheville des Noctarius. L’Indarion de répondre : « Il n’y a nash plus travaillant et plus tenace qu’un Indarion ».
Il y a beaucoup de réponses pour les Noctarius là-dedans je crois et un peu pour les Indarions aussi.